04-11-2020 4 Novembre : lettre du Président Authier
Chères chasseresses, chers chasseurs,
La situation sanitaire de notre pays est grave, vous le savez. J’espère que ce courrier vous trouvera toutes et tous en bonne santé ainsi que vos proches et ceux qui vous sont chers. Depuis l’annonce du confinement, nous nous interrogeons pour savoir si la chasse pourra continuer.
Permettez-moi de vous faire un retour sur les actions engagées par votre Fédération dans le cadre de ce dossier. Déjà, avant l’intervention du Président de la République française, nous avions eu vent qu’il pourrait être évoqué un confinement ciblé sur le week-end. Nous avons alors décidé d’alerter Mme La Préfète pour lui faire part de notre inquiétude soulignant que les chasseurs sont des actifs et que de fait la chasse se pratique majoritairement le week-end.
Par la suite, nous avons comme vous appris que le confinement allait prendre une tournure plus radicale. Dès lors, nous avons opté pour rédiger un courrier conjoint à toutes les fédérations d’Occitanie à destination du Préfet de Région. Là aussi, nous avons demandé une dérogation pour toutes les chasses, sans faire la moindre distinction.
Les négociations se sont poursuivies bien au-delà de l’intervention du Premier ministre puisqu’il faudra attendre le dimanche 1er novembre, et la publication par la secrétaire d'État Bérangère ABBA d’un communiqué de presse précisant la mise en œuvre d’éventuelles dérogations au confinement en matière de régulation de la faune sauvage. Ce communiqué informait les chasseurs et leurs Fédérations que la régulation des espèces pouvant occasionner des dégâts serait possible selon l’avis de la Commission Départementale de la Chasse et de la Faune Sauvage qui devrait statuer sur le cadre de ces opérations. C’est en cours à l’heure où j’écris ces lignes.
Pour nous chasseurs, ce courrier est à la fois un soulagement, mais il est aussi un véritable coup dur. La possibilité de pouvoir chasser de nouveau en battue est une satisfaction, au regard des enjeux agricoles et de la mise en avant de la reconnaissance de la chasse comme mission d'intérêt général. C'est un point important dont nous devons à la fois être fiers, mais qui nous impose aussi d'effectuer notre mission avec le plus grand sérieux. Mais c’est surtout un coup dur pour tous les chasseurs de petit gibier et de gibier migrateur pour lesquels la saison bat son plein. En effet, le courrier exclut la chasse "loisir" du régime dérogatoire ! Elle est donc interdite jusqu'à nouvel ordre. Nous avons un temps pensé que pratique de la chasse moins d’une heure dans un rayon de moins de 1 km serait possible. Elle est malheureusement interdite. Comment justifier l'impossibilité de pratiquer des chasses individuelles au motif sanitaire ? De toute évidence, la pratique de la chasse individuelle n'est pas de nature à compromettre les axes du confinement. Nous avons donc demandé sous régime dérogatoire de pouvoir pratiquer ce mode de chasse. En vain. Je sais que cette interdiction soulève colère et incompréhensions. Mais voilà, les plus hautes instances de l’état ont tranché et en ont décidé autrement. Bien évidemment nous aurions préféré pouvoir chasser comme à l’accoutumée. Bien évidemment nous aurions préféré que les chasseurs de petit gibier et de gibier migrateurs tout comme les tendeurs puissent continuer d’exercer. Malheureusement, cela ne sera pas le cas.
Nous ne sommes pas dupes. Nous savons pertinemment que la problématique des dégâts de grand gibier a énormément pesé dans la balance. Le financement des dégâts est assumé seul par les chasseurs sans aucune aide de l’État. Et de toute évidence le fait que nous payons arrange tout le monde. Je suis comme vous, je suis scandalisé de voir que les dégâts du loup, de l’ours sont assumés par le contribuable et que ceux des espèces gibier sont assumés par les chasseurs uniquement ! Cela, c’est la Loi de finances du 27 décembre 1968, qui nous l’impose. Loi que nous souhaitons vivement voir abrogée demain. Abrogation à laquelle notre fédération nationale travaille activement.
Le grand public doit être pleinement conscient du fait que les chasseurs jouent un rôle essentiel dans la régulation du grand gibier. Dans quel état seraient les champs, les plantations, les cultures et les pelouses si nous n’exercions pas. Combien d’accidents graves surviendraient sur les routes si nous n’exercions pas. Ce serait catastrophique. Les romantiques déconnectés de la nature peuvent bien en appeler aux grands prédateurs. Il faudrait qu’ils soient des milliers pour réguler les espèces de grand gibier. Et avant cela, ils s’en prendraient bien évidemment aux animaux domestiques. C’est inconcevable.
Certains parmi vous ont maladroitement appelé au chaos et à profiter de la situation pour ne pas chasser et faire la preuve par l’exemple à nos opposants que nous jouons un rôle essentiel. De toute évidence cela ne peut être. En effet, le temps perdu ne se rattrape jamais. Le mois de novembre en Aveyron c’est 3000 sangliers prélevés pour un peu plus de 3000 battues organisées. Le mois de décembre enregistre une pression de chasse quasi identique. Nous n’arriverons pas à rétablir la situation en l’absence de chasse pendant un mois. Nous avons réussi grâce à vous le tour de force d’infléchir la courbe des dégâts d’une manière significative nous ne pouvons pas prendre le risque de voir tous les efforts que vous avez consentis anéantis.
Nous nous devons d’être solidaires. Il ne peut y avoir d’un côté les chasseurs de grand gibier et de l’autre les chasseurs de petit gibier. Si nous pouvons chasser demain, je demande aux chasseurs de grand gibier de réserver le meilleur accueil aux chasseurs de petit gibier qui souhaitent participer aux battues. Nous serons très attentifs à ce que les équipes se fassent un devoir de recevoir ceux qui sont privés de leur loisir.
De notre côté nous allons regarder comment et dans quelle mesure reporter les dates de fermeture de certaines espèces gibier. De sorte à permettre à ceux qui ont été privés de leur loisir de pouvoir en profiter une fois le confinement levé. Cela va au-delà des pratiquants, nous pensons aussi aux éleveurs de gibiers qui ont actuellement les volières pleines d’oiseaux.
Demain, nous aurons très certainement plus d’information, la CDCFS doit rendre son verdict pour 18 h 00. Ensuite, le dernier mot reviendra à Mme La Préfète de l’Aveyron. Nous mettrons tout en œuvre pour continuer à vous informer en temps réel sur les avancées.
J’ai également une pensée pour tous ceux qui sont malades, pour tous ceux qui soignent, pour tous ceux dont les commerces sont fermés. Restons solidaires, il y aura des jours meilleurs.
En Saint – Hubert.
Votre Président, Jean-Pierre Authier.
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