19-12-2017 Bécasse albinos ou leucique ? Rare ou pas ? Agate ou Isabelle ?
Nous recevons souvent des photographies de bécasse présentant quelques plumes blanches ici où là sur des surfaces plus ou moins importantes.
Aussi, à travers cet article nous nous allons essayer de vous apporter quelques réponses, sur ces « étranges » bécasses que nous collectons de manière plus ou moins exceptionnelle au sein des populations chassées. Le plus souvent il est question d’oiseaux présentant des plumages différents par rapport aux standards communément observés. Dans les cas les plus extrêmes, ces plumages inhabituels donnent à voir des bécasses quasi totalement blanche. Ailleurs on trouve des bécasses présentant des tons pastel avec des dilutions des couleurs brunes ou noires.
- On parle alors de plumage « agate » lorsque l’on voit une dilution du brun qui donne à la bécasse une couleur café au lait à dominante grise.
- On parle de plumage « isabelle », quand la bécasse présente une dilution portant tout à la fois sur la couleur des plumes noires et sur la couleur des plumes brunes ce qui donne un oiseau apparaissant beige clair. A ces dilutions qui donnent des oiseaux aux couleurs plus claires que la moyenne s’oppose des oiseaux mélaniques qui présentent dans le plumage une pigmentation foncée qui voit la couleur noire dominer et remplacer les tonalités brunes ou rousses.
- A mi-chemin entre un oiseau blanc et un oiseau noir se situent les bécasses « pie » où le noir et le blanc semblent se disputer la faveur des plumes.
Cependant, le plus souvent on constate des oiseaux panachés. Ces panachures sont dites limitées lorsqu’elles concernent quelques plumes seulement, moyennes lorsqu’elles occupe une part plus importante du corps comme la nuque par exemple et envahissantes lorsqu’elles s’étendent sur des parties importantes de l’oiseau.
Nous n’avons pas connaissance de bécasse albinos. En effet l’albinisme se traduit chez les oiseaux par une couleur de plumage blanc mais également par des yeux rouges ou roses. Aussi, les bécasses blanches que l’on qualifie d’affectées par un albinisme total, ne le sont pas. Il s’agit en effet d’individus leuciques car elles ont les yeux noirs, normalement colorés. Certains auteurs avancent que le leucisme serait dû à une alimentation déséquilibrée. Des jeunes, mal nourris ou insuffisamment nourris ou nourris avec une nourriture présentant un déficit en vitamine pourraient devenir leucistiques. Les tenants de cette thèse s’appuient sur l’analyse de corneilles et de merle bigarrés qui apparaitraient plus fréquemment dans les villes que dans les campagnes. En cause, le fait qu’en milieu urbain, le pain occuperait une part très importante du régime alimentaires des oiseaux. Mais là on s’éloigne des bécasses….
Pour la majorité des auteurs, Ces symptômes phénotypiques ont des origines génétiques, liées dans la plupart des cas à un déficit des cellules pigmentaires. Chez les oiseaux, cette anomalie est due à un manque complet ou partiel des mélanines et d’autres pigments dans le plumage. Cependant, Il arrive aussi qu’un oiseau perde des plumes en échappant à un prédateur et alors on constate que parfois les nouvelles plumes repoussent blanches. Généralement ces plumes peuvent reprendre leur couleur normale à la mue suivante. Bien que la repousse en blanc s’apparente au leucisme, il s’agit d’un phénomène distinct. Ces phénomènes lorsqu’ils sont génétiques pourraient se transmettre à la descendance. Cependant ces aberrations chromatiques rendent les oiseaux beaucoup plus faciles à repérer par les prédateurs, réduisant le mimétisme élaboré par l’espèce aux prix de siècles d’évolution. Aussi ont-ils généralement une durée de vie moindre. Non pas qu’ils soient plus fragiles mais bel et bien qu’ils se font plus facilement repérer par leurs prédateurs naturels. On ne revient pas aussi facilement sur des siècles et des siècles d’évolution et de sélection naturelle.
Chez d’autres espèces à comportement grégaire les individus différents sont rejeté, parfois même agressés dans leur groupe comme le font les corneilles. Le plus souvent ces sujets ne trouvent pas de partenaires pour se reproduire. Ailleurs, dans d'autres cas on ne note pas de réaction visible à cette différence, et les relations intra-spécifiques paraissent normales, c’est le cas notamment des merles.
Nous renvoyons celles et ceux qui souhaiteraient conforter leurs connaissances sur les bécasses à la lecture des 4 tomes de « Mystérieuse et fascinante bécasse des bois » du Dr Jean-Paul Boidot et notamment le tome 3 dévolu au plumage de la bécasse… La lecture de cette bible de la bécasse vous apportera de précieuses informations sur un sujet tellement complexe qu’un modeste article comme celui-ci ne peut prétendre qu’effleurer.
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