21-11-2017 Si une patte de lapin porte bonheur, qu’a-t-il bien pu arriver au lapin ?
L’information est passée quasi inaperçue. La présence d’illustres espèces dont on a l’habitude de voir le nom cité lorsque l’on parcours la liste des mammifères menacés a grandement participé à masquer son entrée dans la liste des espèces en danger.
Cependant, le 15 novembre dernier, le lapin de Garenne a bel et bien fait officiellement son entrée dans la liste rouge des espèces menacées de disparition.
Symbole de la chasse populaire, le lapin de garenne a vu ses effectifs grandement chuter avec la seconde moitié du 20ème siècle du fait de l’introduction de la myxomatose et de l’apparition de nouvelles maladies virales. Un malheur ne venant jamais seul, d’autres facteurs se sont conjugués pour faire reculer plus encore les effectifs du sympathique lagomorphe. L’urbanisation galopante, l’abandon de certains territoires entrainant une fermeture du paysage et à contrario l’avènement d’une agriculture intensive défavorable au petit gibier sédentaire ont conduit à sa quasi-disparition.
Ne vous y trompez pas, sa présence sur quelques ronds-points, même en nombre, le met seulement à l’abri de ses prédateurs naturels, pas des maladies. D’ailleurs, à bien y regarder ils ne sont plus aussi nombreux et la tonte des ronds-points, un temps réalisé gracieusement par les lapins devra à nouveau figurer au programme des services de la voirie.
Le lapin que l’on considère comme faisant partie de la biodiversité « ordinaire » est pourtant une espèce « clef de voute ». Véritable « espèce fourrage », il entre dans de nombreuses chaines alimentaires apportant ainsi sa contribution à la préservation de la biodiversité. D’ailleurs, nombre de ses infortunés colistiers au rang desquels le Lynx ou le Putois sont de grands consommateurs de lapins. Du côté des oiseaux, le Hibou grand-duc dont l’activité nocturne coïncide avec celle du lapin est lui aussi un grand consommateur de lapin. Notons également que la régression des populations de l’Aigle de Bonnelli est pour partie attribuée à la baisse des effectifs de lapin de garenne. D’ailleurs, la reconstitution des populations de lapins figure dans les axes retenus pour restaurer les populations du rapace. Moins évident, mais pourtant bien réel le recul du lézard ocellé en plaine de Crau est également attribué à la disparition du lapin, lequel maintient les pelouses rases favorables au reptile et creuse des terriers qu’il ne rechigne pas à partager avec lui.
Aussi, pour inverser la chute démographique des lapins, la priorité doit être donnée a enrayer la dégradation des milieux naturels. Pourtant, depuis toujours, seuls les chasseurs se sont préoccupés de l’avenir du Garenne. En la matière, tout ou presque a été essayé. La Fédération Départementale des Chasseurs entraînant dans son sillage de nombreuses Sociétés de chasse a réalisé des dizaines et des dizaines de garennes artificielle, des milliers de vaccins ont été administrés pour des dizaines de formules testées… Un travail colossal a été mené sur la réouverture des milieux, la plantation de haies et la plantation de haies sur talus.
Loin de baisser les bras, il faut préciser que sur le Département la palme revient aujourd’hui aux chasseurs de Creissels dans le sud Aveyron. Ces derniers, à force de travail ont réussi à maintenir une très belle population de lapin. Pour le plus grand bonheur de l’aigle royal, du renard, de la buse variable, de la belette, de la fouine, de la martre et des chasseurs.
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